7 septembre 2019

Apprendre des Anciens

Dans la plaine de Gizeh, en Egypte, l’ingéniosité et le travail des humains pointent leurs bouts vers le ciel.

Le touriste ordinaire est émerveillé. Le voyage d’agrément qu’il s’offre est pour s’en mettre plein la vue, et disposer de souvenirs à conter plus tard. Il s’instruit rarement dans l’optique de tracer un parallèle entre ce qui fut et ce qui est.

Imaginez l’Egypte actuelle ramenée des millénaires en arrière, à l’époque de la construction des trois grandes pyramides de Mykérinos, Képhren et Khéops. Croyez-vous qu’elles se construiraient, ces pyramides ?

Probablement, non !

Pourquoi ? Il faudrait recourir aux prêts. On cognerait à la porte du FMI, de la Banque Mondiale, d’Eximbank, de la BAD et tutti quanti. Ces institutions confieraient ces dossiers à leurs experts qui plancheraient dessus. Avec des méthodes aussi complexes que mystérieuses, ils évalueraient les coûts et le retour sur investissements ; ils lorgneraient du côté de la gouvernance et du respect des droits de l’homme ; ils jaugeraient la stabilité politique du pays, se demandant si elle permettrait le remboursement du crédit ; ils… Ils étudieraient d’autres aspects qu’ils estimeraient pertinents.

La conclusion, implacable et sévère, tomberait : trop cher pour trois tombes ! Puisque les trois grandes pyramides, en l’état actuel de nos connaissances ne sont que ça : des tombes ! Donc trois investissements à la rentabilité économique nulle.

Pourtant les pharaons les ont construites !

Etaient-ils fous ?

Que, non !

Ils avaient juste compris une chose importante : à une réalisation ordinaire, on peut y attacher une valeur symbolique qui la sublime.

Pour cela, ils ont mobilisé des intelligences, des ressources et des bras. Contrairement à une idée largement répandue, les fouilles de Mark Lehner ont permis d’établir en 1990 que les bâtisseurs de ces pyramides étaient des ouvriers payés pour cela.

Ce qui est vrai des pyramides l’est de la tour Eiffel, de la statue de la Liberté, de La Grande Muraille de Chine, du Taj Mahal, des vestiges de l’ancienne Zimbabwe, des pyramides nubiennes, de Machu Picchu, des temples aztèques, de Stonehenge ou du Mur d’Hadrien… La liste n’est pas exhaustive. Ces matérialisations du génie humain dans la pierre et la terre sont de moins en moins utilitaires aujourd’hui, ou ne le sont plus du tout. Pourtant, elles ont conservé une forte valeur symbolique qui s’accroît avec le temps qui passe, et, surtout, génèrent des revenus colossaux pour les pays.

Quid de nous aujourd’hui, et particulièrement de nos dirigeants ?

Pourquoi l’écho de l’antique sagesse de nos aïeuls lointains et proches, tel le ressac impérieux ne vient pas mouiller nos esprits. A voir nos réalisations à l’obsolescence programmée, il faut bien admettre que le passé n’est pas toujours notre source d’inspiration.

La culture du tout-jetable et la dictature de l’immédiateté ont fait leur lit en nous. Nos esprits en sont imprégnés, nos actes le matérialisent et les effets nuisibles sont visibles.

TARA                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

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